Torah

Le terme Torah, ou Thora est utilisé pour désigner, au sens restreint, la Torah de Moïse, et au sens large, par métonymie, à l'entièreté des textes légaux, éthiques et religieux fondant le judaïsme,.


Le terme Torah, ou Thora (hébreu ???????, instruction, grec ancien Νομος, Loi[1]) est utilisé pour désigner, au sens restreint, la Torah de Moïse (hébreu ?????????????? Torat Moshe), et au sens large, par métonymie, à l'entièreté des textes légaux, éthiques et religieux fondant le judaïsme[2], [3].

La Torah de Moïse, le plus saint des textes sacrés du judaïsme[4], en est le document fondateur religieux[5]. Première partie du Tanakh (Bible hébraïque), elle est divisée en cinq Livres (hébreu : ???? ????? ???? Hamisha Houmshei Torah, grec : Πεντάτευχος, Pentateuque), qui couvre l'histoire des Israélites, depuis les débuts du monde jusqu'à leur passage du Jourdain.
La Torah comprend une variété de genres littéraires, dont la poésie, l'allégorie, la narration historique, la généalogie et l'exposition de divers codes de lois. Elle contient, selon la tradition juive, 613 commandements[6], divisés par Moïse Maïmonide en 248 mitzvot (?????, "prescriptions") positives, et 365 mitzvot négatives[7] Selon cette même tradition, la Torah comporte une composante rédigée, la «Torah Shebikhtav» (???? ?????, «Torah rédigée»), et une tradition orale, la «Torah Shebe'al Pè» (???? ???? ??, «Torah orale»), consistant en «interprétations et augmentcations respectant les traditions transmises de bouche à oreille de génération en génération, » avant d'être couchées sur papier dans les Talmuds et la littérature midrashique[8].

Selon cette tradition orale, la Torah est antérieure au monde et a servi de plan à sa création, avant d'avoir été transmise à Moïse par inspiration divine, sur le mont Sinaï, à une date que les chroniques juives respectant les traditions évaluent à 1380 ÆC.
L'étude académique de la Bible conclut pour sa part que la Torah, mais aussi les livres prophétiques et historiques n'ont pu être complétés avant la période perse[9] (539 - 334 ÆC). La théorie la plus centrale en la matière est l'hypothèse documentaire, selon laquelle la Torah est une synthèse d'un petit nombre de sources indépendantes[10].

Outre sa place centrale dans le judaïsme, la Torah est acceptée par le christianisme comme partie de la Bible.

La Torah fut, selon la tradition, dictée à Moïse par Dieu au pied du mont Sinaï.

Pour les juifs, elle a habituellement été acceptée comme telle : la parole littérale de Dieu au peuple juif tout entier au mont Sinai.

Pour beaucoup[Qui ?], il ne s'agit ni précisément d'histoire, ni de théologie, ni de code, légal ou rituel, mais d'un document inclassable possédant des traits de chacun. C'est en tout cas le guide primaire de la relation entre Dieu et l'homme, la signification d'une telle relation, et son but, un document vivant que chacun, à chaque génération, doit, selon le Talmud, tourner et retourner car tout est en elle .

La Torah sert à désigner par conséquent stricto sensu la première section du Tanakh — les cinq premiers livres de la Bible hébraïque — mais le terme est aussi utilisé pour désigner tant la loi rédigée (Torah SheBeKtav) que la loi orale (Torah SHeBe'Al Pe), qui contient la totalité des enseignements juifs religieux à travers l'histoire, incluant la Mishnah, le Talmud, le Midrash, et d'autres.

L'étymon du mot «Torah» est le même que celui de Morèh, ????, «l'enseignant» : Lirot, ?????, «tirer», au sens de «viser à un objectif».

Quels sont les enseignements de la Torah ?

  • Le monde fut créé en sept jours (dont un d'abstention) par une entité, qu'elle nous révèle en premier lieu par son attribut de «Tout-puissant», ou selon la traduction du Rav Askénazi, de «Lui-les dieux», avant de nous donner son Nom, un Tétragramme ineffable, et indiquer qu'«Il jugea sa création comme particulièrement bonne».
  • L'Adam, qui sert à désigner initialement le couple avant de se restreindre à l'homme, est installé dans le Gan Eden (le jardin des délices) mais en est chassé pour avoir violé l'unique consigne de ne pas toucher aux fruits de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Par la suite, l'humanité déchoit au point que Dieu décide d'effacer la création terrestre en l'engloutissant sous les eaux des mers et des cieux.
  • Les descendants de Noé, seul survivant avec les siens, s'égarent à leur tour, sauf l'un d'eux, Abraham, qui redécouvre Dieu et , vivant en accord avec cela, sera un modèle de charité. Dieu établit une Alliance avec lui, dont la circoncision sera la trace dans la descendance, qui sera nombreuse comme les étoiles. Son fils Isaac sera un modèle de rigueur, le fils de ce dernier, Jacob, un modèle de miséricorde. Malgré leurs faiblesses et défaillances humaines, ils parviennent à se sublimer ainsi qu'à vivre dans la vertu, mais aussi leurs descendants, ce qui mène l'un d'eux, Joseph, du statut d'esclave à celui de ministre du Pharaon.
  • La population se plaît en Égypte, jusqu'à ce qu'un pharaon décide de reprendre les choses en main. Se révélant alors à un berger qui a vécu comme un prince en Égypte et sera le maître des enfants d'Israël, Dieu suscite des miracles inédits dans l'histoire de l'humanité, et libère Son peuple d'élection, pour lui donner la terre de Canaan, la «Terre Promise», mais également «l'héritage des nations».

Prescriptions

Ils n'en jouiront cependant qu'en le servant, en respectant ses prescriptions, sans quoi, ils en seront chassés comme Adam fut chassé du Jardin d'Eden.

On peut (artificiellement) subdiviser le service en :

  • prescriptions envers Elohim, le Dieu créateur : le reconnaître et le proclamer, ce qui conduit à refuser le polythéisme et l'idolâtrie, respecter un jour de repos hebdomadaire, sanctifier sa nourriture en ne mangeant que des animaux «purs», sanctifier ses rapports conjugaux en refusant des unions interdites (par ex. l'inceste) ou «contre nature» (homosexualité, zoophilie, etc. ), lui réserver les prémices de sa récolte, de ses fruits, de son vin, etc.
  • prescriptions envers YHWH, le Dieu providentiel et garant du libre arbitre : respect et amour de son prochain, et de l'étranger, comportement rigoureusement moral et éthique, refus des excès (excès «par excès» comme excès «par défaut»), refus de l'enrichissement personnel s'il appauvrit l'autre, ou ne participe pas à l'enrichissement collectif, etc.
  • Cependant, cette subdivision est complètement artificielle, YHWH est Elohim, il est YHWH Elohim, et ce n'est pas un hasard si la phrase «Je Suis YHWH votre Elohim» ponctue tant les prescriptions «éthico-sociales» que les prescriptions «rituelles et sacerdotales». C'est aussi la phrase à proclamer biquotidiennement soit «Ecoute Israël, YHWH est (notre) Dieu, YHWH est Un soit en hébreu Chema, Israël, Adonaï Elohenou, Ado-naï Ehad'» : tout le reste en découle, pour qui réfléchit à ces paroles, y compris «Tu aimeras ton prochain comme toi-même» : ton prochain, c'est l'homme, mais c'est aussi, à tout moment et en tout lieu, le Dieu omniprésent et éternel.

Le peuple croyant que Moise est mort, une petite partie du peuple se produit un nouvel intermédiaire par un veau d'or. En particulier, les habitudes contractées en Égypte ont la vie dure : alors que Moïse se trouve sur le Sinaï, une partie du peuple souhaite se construire un veau d'or pour l'honorer comme son dieu. Il faudra errer dans le désert durant 40 ans, le temps que meure la génération qui a connu l'Égypte, jusqu'à Moïse lui-même, le temps qu'Israël apprenne à vivre selon la Torah. Moïse préfère le lui rappeler au seuil de Canaan, avant de mourir en un lieu indéterminé.

Les cinq livres contiennent par conséquent un dispositif de lois et d'éthique, à la fois complet et ordonné (selon la tradition rabbinique, la Torah comporte 613 «commandements» différents, positifs — «fais» — ou négatifs — «ne fais pas», chacun nommé mitzvah, «prescription»), ainsi qu'une description historique des débuts de ce qui deviendrait le Judaïsme.

Les cinq livres (en particulier Bereshit/Genèse, la première partie de Shemot/Exode, et une grande partie de Bamidbar/Nombres) apparaissent à première vue plutôt comme un ensemble de narrations apparemment historiques que comme une énumération de lois ; néenmoins, énormément de concepts, d'idées et de commandements toraniques sont contenus dans ces «histoires», au point que certains disputent leur historicité (cf. infra).

Le Deutéronome est différent des ouvrages qui ont précédé : il est rédigé à la première personne, et pas une fois Dieu n'est mentionné. Il s'agit en fait, comme indiqué plus haut du dernier discours et des dernières recommandations de Moïse aux "enfants d'Israël" avant de mourir.

Énormément de lois ne sont cependant pas directement mentionnées dans la Torah : elles en ont été déduites par exégèse et traditions orales, avant d'être compilées dans la Mishna, le Talmud, la Mekhilta de Rabbi Ishmaël et autres traités moins fréquemment étudiés. Les Karaïtes ne reconnaissant pas l'autorité des rabbis, ils ne suivent tout simplement pas ces lois.

D'autre part, selon la tradition rabbinique du moins, les histoires dans la Torah ne se déroulent pas obligatoirement dans l'ordre chronologique, mais quelquefois par ordre de concept («le futur expliquant le passé», par exemple). Cette vue est résumée par la maxime talmudique (traité Pessa'him 7a)  : «Ein moukdam ou'meou'har baTorah''» «[Il n'y a] pas de «[plus] tôt» et «[plus] tard» dans [la] Torah».

Production et utilisation d'un livre de la Torah

Le livre de la Torah existe sous deux formes différentes selon son usage :

  • s'il est rituel, c'est-à-dire pour la lecture lors des offices, la forme du livre est celle de la Torah à l'origine : un parchemin fixé à deux poignées de bois, qu'on déroule au fur et à mesure de sa lecture (et qui, compte tenu de la plus grande commodité à tenir et dérouler ce rouleau au moyen de la main droite, la majorité de l'espèce humaine étant droitière, se lit de droite à gauche). Ce parchemin est nommé Sefer Torah («Livre [de] Torah»).

L'écriture de ces Sifrei Torah, ou Sefarim (en Yiddish, seforim), se fait selon des règles extrêmement contraignantes et précises, et ne sont confiées en conséquence qu'à des scribes professionnels hautement qualifiés. C'est en vertu de ces règles que ce texte plurimillénaire nous est arrivé quasiment inchangé, et que des copies datant de plusieurs siècles, ou alors de millénaires, sont virtuellement semblables entre elles. L'accent a été mis sur ce souci de précision au point de dire que chaque mot, chaque lettre, chaque signe même est d'origine divine, et que s'il en manquait un seul, «le monde s'écroulerait».

Il est vrai qu'en hébreu, certaines lettres se ressemblent fortement, et que la vocalisation peut changer le sens d'un mot. Dans un dispositif basé sur l'analyse jusqu'aux plus subtiles nuances de ces mots, une erreur de lecture peut conduire à une erreur de compréhension et une perversion du message. L'ressemblance avec la récente notion de code génétique a maintes fois été évoquée.

Les Sifrei Torah sont reconnus comme l'un des plus grands trésors d'une communauté, et l'acquisition d'un nouveau est prétexte à des célébrations festives. L'ensemble des Sifrei Torah sont rangés dans l'endroit le plus saint de la synagogue, l'Arche sainte (?????? ?????? aron hakodesh en Hébreu).

Pour plus de détails sur la production des rouleaux rituels, voir l'article Sefer Torah.

  • Depuis l'imprimerie, le texte de la Torah a été industriellement reproduit pour l'usage quotidien et spécifique. Ces versions imprimées sont connues sous le nom de Houmash (plur. Houmashim) («Cinquième des Cinq Livres»). Elles contiennent le plus souvent des traductions en français, anglais, allemand, russe, etc., mais aussi des commentaires en marge : classiquement, un Houmash contient le Targoum d'Onkelos et le commentaire de Rachi. Certains Houmashim, réunissant plusieurs commentaires classiques (Rachi, Rashbam, Ramban, Ibn Ezra, Keli Yakar, Sforno, etc. ) sont dénommés Miqraot Guedolot («Grandes Lectures»).

Les versions imprimées de la Torah sont traitées avec grand respect, mais leur sainteté est reconnue comme inférieure à celle des Sifrei Torah : par exemple, une lettre effacée rend un Sefer Torah impropre à l'usage (passoul), ce qui n'est pas le cas des Houmashim.

Le judaïsme, au cœur de la Torah

La Torah est le document autour duquel le judaïsme s'articule : elle est la source de l'ensemble des commandements bibliques dans un cadre éthique.

D'après la tradition juive, ces livres furent révélés à Moïse par Dieu, dont une partie sur le mont Sinaï.

Diverses opinions circulent dans la littérature rabbinique sur le moment où elle fut révélée entière :

  • pour certains, elle fut donnée d'un bloc sur le mont Sinaï. Dans cette vision, dite «maximaliste», Moïse eut non seulement connaissance de l'ensemble des paroles de Dieu («et Dieu dit à Moïse») mais également l'ensemble des évènements ultérieurs au mont Sinaï jusqu'à sa mort, ou alors au-delà ;
  • d'autres sources pensent que la Torah fut révélée sur le Sinaï jusqu'au Sinaï même, et que le reste serait venu «par épisode» et ne se serait conclu qu'à la mort de Moïse ;
  • une autre école de pensée (dont le Rav Avraham ibn Ezra est le tenant le plus connu, mais il fut précédé dans cette voie depuis la haute antiquité) est que la Torah, quoiqu'ayant été rédigée par Moïse dans sa quasi-totalité, fut complétée après sa mort par Josué.

Tous s'accordent cependant sur l'origine entièrement (ou quasi-entièrement) mosaïque et tout-à-fait divine de la Torah.

D'après cette même tradition, le message de la Torah est illimité, ne s'arrêtant pas aux mots. La moindre lettre, la plus petite préposition, ou alors la cédille de la lettre youd (koutzo shel youd ???? ?? ???, l'youd étant la lettre ?), les marques décoratives, les répétitions de mots, furent positionnées là par Dieu afin d'y celer un enseignement. Ceci est valable quel que soit l'endroit où cela apparaît.

Exemples :

  • dans le cas de koutzo shel youd, l'youd apparaît dans «Je Suis l'Éternel ton Dieu» ou l'occurrence souvent répétée «et Dieu parla à Moïse».
  • on dit que Rabbi Akiva, avait déduit une nouvelle loi de l'ensemble des occurrences de la particule ett (??) dans la Torah (Talmud, traité Pessa'him 22b)  ; or ett est une particule accusative sans signification propre. Pourtant, «s'il n'avait été rédigé'créa Dieu ett les cieux et ett la terre', on aurait pu croire que'cieux'était le nom de Dieu» dit-il dans le traité Haguiga (14a). Mais non, lui répond Rabbi Ishmaël, «ett les cieux pour y inclure tout ce qui s'y trouve, les étoiles et les sphères célestes, ett la terre pour y inclure ce qui la peuple». C'est à dire, ett marque «l'essence de la chose».

Contre-exemples :

  • le Talmud, rapporte (traité Mena'hot 49) que Moïse, résidant sur le Sinaï, voit Dieu ajouter aux lettres de la Torah des marques graphiques qui n'en modifient pas la lecture. S'surprenant de cette apparente futilité, il s'entend répondre que dans quelques siècles, un sage appelé Akiva ben Joseph en déduira le sens et les règles.

Exauçant la prière de Moïse de comprendre cela, Dieu l'expédie au huitième rang de la Yeshiva de Rabbi Akiva, où exactement, ce dernier enseigne ces lois. Devant l'exposé ardu, Moïse se sent épuisé, quand un élève se risque à demander d'où Rabbi Akiva tire ces enseignements. Et ce dernier de répondre : «C'est une loi donnée à Moïse sur le Sinaï» !

  • quoiqu'on ne discute pas de la validité du koutzo shel youd, ce dernier est devenu synonyme de «vétille» en français. Dire de quelqu'un qu'il est le koutzo shel youd est une des formulations de mépris les plus marquées.

Une interprétation kabbalistique de ce principe enseigne que la Torah ne formait qu'un seul long Nom de Dieu, qui fut brisé en mots pour que les esprits humains puissent le comprendre. D'autre part, quoique cette façon de décomposer le Nom soit efficace, puisque nous parvenons à l'appréhender, ce n'est pas l'unique.

Torah en rouleaux

Selon les juifs rabbanites, descendants des Pharisiens, et dont les juifs orthodoxes maintiennent scrupuleusement l'idéologie, une loi orale (Torah SheBe'al Pe) fut donnée au peuple en même temps que la Loi rédigée (Torah SheBeKtav), mais aussi le suggèrent de nombreux versets, surtout Exode 25 :40. Il s'agissait certainement à la base, hormis d'explications quant aux prescriptions, de paraphrases orales du texte, explications d'un tel mot, discussion autour de telle idée dans tel verset, mais en tout cas intimement liée à la loi rédigée, et la complétant : de nombreuses notions ne sont pas clairement définies dans le texte. Ce souci de se remémorer les paroles des maîtres alla de pair avec une scrupuleuse exactitude dans le respect et l'application des lois.

Ce matériel parallèle fut initialement transmis à Moïse depuis le Sinaï, et de Moïse à Israël oralement. Dans le souci de maintenir le judaïsme dynamique et d'éviter les mésinterprétations, il était interdit de consigner les traditions orales. Cependant, devant l'accumulation de matériel, les divergences d'interprétations, qui tenaient quelquefois à des nuances infimes d'une part, et d'autre part la destruction de la Judée par les Babyloniens, le haut taux d'assimilation, etc., l'interdit fut levé, quand il devint évident que l'écriture devenait l'unique moyen de préserver l'héritage oral des anciens.

Le premier à systématiser les lois en catégories, fut Rabbi Akiva. Son disciple Rabbi Meïr y contribua largement. Cependant, le gros du travail est le fait de Rabbi Juda Hanassi, qui acheva cette compilation, et l'appela Mishna («Répétition»). Les traditions non incluses dans la Mishna furent consignées comme Baraïtot ou dans la Tosefta («Supplément»). Des traditions plus tardives furent aussi codifiées comme Midrashim.

Au cours des quatre siècles qui suivirent, ce petit corpus de lois et enseignements éthiques suffit à apporter les signes et codes nécessaires pour permettre la continuité de l'enseignement des traditions mosaïques, tout en désormais leur dynamisme, et leur transmission aux communautés essentiellement dispersées entre Babylone et la terre d'Israël (devenue la province romaine de Syria Palestina).

Cependant, les circonstances historiques contraignirent les communautés galiléennes en premier lieu, babyloniennes ensuite à compiler le corpus de commentaires de la Mishna, dont les allusions, leçons, traditions etc. synthétisées en quelques centaines de pages furent développées en milliers de pages, nommées Guemara. Important changement, tandis que la Torah et la Mishna sont rédigées en hébreu (bien que l'hébreu mishnaïque ne soit plus pareil à l'hébreu biblique), la Guemara l'est en araméen, ayant été compilée à Babylone. La notion de Guemara est environ équivalente à celle de Talmud en hébreu, terme énormément plus connu.

Deux «versions» du Talmud existent, le Talmud de Babylone et celui de Jérusalem, en réalité le résultat des compilations des discussions tenues dans les académies babyloniennes d'une part et galiléennes de l'autre. Le Talmud de Jérusalem ayant été terminé à la hâte, sous la pression des circonstances historiques, deux siècles avant celui de Babylone, c'est ce dernier qui fait autorité quand les deux se contredisent (y compris deux versions différentes de l'enseignement d'un Rabbi).

Les juifs pratiquants (rabbanites) suivent les explications respectant les traditions de ces textes. Les Karaïtes, eux, ne suivent que la Miqra, c'est-à-dire la Torah.

Point de vue chrétien sur la Torah

Voir Ancien Testament

Le christianisme affirme habituellement que les lois toraniques sont d'origine divine, et forment l'Ancien Testament, quoique certains chrétiens estiment que l'ensemble des lois du Pentateuque ne s'appliquent pas à eux comme chrétiens. La confession de foi de Westminster (1646), par exemple, divise les lois mosaïques en catégories civile, morale et cérémoniale, les seules obligatoires étant les morales. Si le reconstructionnisme chrétien voulut les rétablir toutes en vue de construire une théocratie moderne, d'autres estiment qu'aucune loi civile ne s'applique à eux, celles-ci ayant été rédigées en des temps et circonstances révolus, ce qui n'est pas le cas des obligations morales ni des principes religieux.

Les positions chrétiennes peuvent être résumées comme suit :

  • Le Nouveau Testament indique que Jésus a contracté une nouvelle Alliance entre lui et son peuple (hébreux 8 ; interprétation chrétienne de Jérémie 31 :31-34), et que dans celle-ci, il est dit que la Torah est gravée sur le cœur de l'individu.
  • Il déclara l'ensemble des nourritures "pures" (Marc 7 :14-23), ce qui a été interprété comme une abolition des lois alimentaires. Cependant, de nombreux chrétiens ont tendance à revenir aux préceptes de sanctification de la vie (ou, selon certains, d'hygiène), y compris les lois sur la diète. On pourrait aussi y voir une allusion à l'enseignement.
  • Selon l'auteur des hébreux, les sacrifices et la prêtrise préfigurent la mort de Jésus sur la croix comme sacrifice expiatoire, ce qui a été interprété par certains comme une invitation à abandonner les rites et rituels juifs après lui. (Hébreux 8 :5; 9 :23-26; 10 :1).

Cependant, le Nouveau Testament prescrit aux chrétiens des lois provenant de la Torah, surtout «Aime ton prochain comme toi-même» (Lévitique 19 :18; comparer avec la Règle d'Or), «Aime ton Dieu de tout ton cœur, ton âme et tes forces» (inspiré du Deutéronome 6 :4, c'est-à-dire le Shema Israël) et l'ensemble des commandements du Décalogue (Exode 20 :1-17). Et Mathieu (5 :17) stipule quoiqu'il n'est pas venu abolir la loi, mais l'accomplir ("la compléter").

Depuis la fin du XXe siècle, certains groupes chrétiens, inspirés par le judaïsme messianique, ont affirmé que les lois de la Torah devaient être suivies par les chrétiens, dans une optique et une perspective chrétiennes. Les lois alimentaires, le septième jour, et les jours de fête bibliques sont observés (voir Quartodécimanisme), avec cependant des variations comparé aux rites juifs, mais pour la raison que Jésus fut crucifié ce jour).

Ces chrétiens ne voient pas la Torah comme un moyen d'accomplir la rédemption, mais comme un moyen d'obéir plus totalement à Dieu.

  • Jean-Marc Rouvière, Brèves méditations sur la Création du monde, Ed. L'Harmattan, Paris 2006.
  • Berkowitz, Ariel and De vorah. Torah Rediscovered. 4th ed. Shoreshim Publishing, 2004. ISBN 0975291408
  • Lancaster, D. Thomas. Restoration. Littleton : First Fruits of Zion, 2005.

Point de vue islamique sur la Torah

La Tawrat (Torah) est , avec l'Injil (l'évangile qu'aurait rédigé Jésus de sa main ou sous sa dictée directe) et le Zabur (Psaumes de David) l'un des trois Livres qui furent révélés par Dieu avant le Coran, lequel se veut un «rappel» de ces trois livres. Le mot Tawrat est cité en de nombreux lieux du Coran et sert à désigner la totalité des ouvrages révélés à Moise.

L'Islam affirme par conséquent que Moïse reçut une révélation, la Tawrat. Le Coran fustige cependant les modifications qui auraient été apportées par les personnes responsables de la conservation des rédigés et par certains scribes et prédicateurs, pour «servir leurs desseins.» Selon la foi islamique, les Écritures juives actuelles ne seraient par conséquent pas la révélation originelle donnée à Moïse, mais contiendrait plusieurs «altérations.» Mais les juifs contestent et disent que rien n'a été retiré ni rajouté dans la Thora car s'ils voulaient vraiment "servir leurs desseins" ils auraient (les falsificateurs) retiré de la Torah l'ensemble des textes négatifs tels que la faute du veau d'or, de façon que les nations du monde comme les chrétiens et les musulmans ne puissent pas accuser le peuple juif d'être des pécheurs.

Voir la Bible Samaritaine.

Point de vue académique sur la Torah : la critique biblique

Ces cinq livres sont habituellement attribués à Moïse. Néanmoins, cette affirmation fut remise en cause dès l'Antiquité. Différentes théories ont été proposées par les exégètes quant à leur formation, dont l'hypothèse documentaire ou théorie des fragments. Aucune n'est sans faille, toutes sont sans cesse amendées, et inlassablement remises en question.

Certains chercheurs ont remis en cause l'unité du Pentateuque et ont quelquefois exclu le Deutéronome, parlant alors de Tétrateuque, ou y ont ajouté le Livre de Josué, formant alors l'«Hexateuque», ou alors la totalité des Livres dits historiques, parlant alors d'«Ennéateuque».

La critique radicale biblique reçoit peu de soutien chez les Juifs orthodoxes. La critique des ouvrages bibliques hors la Torah (Neviim et Ketouvim) est tolérée, bien que d'un mauvais œil, mais l'appliquer à la Torah elle-même est reconnu comme erroné, ou alors hérétique. Néanmoins, certains rabbins orthodoxes ont clairement débattu de l'hypothèse documentaire, bien que celle-ci semble contredire la profession de foi du Chema Israël affirmant l'identité de YHWH et de Elohim : les commentaires bibliques du Rav Meïr Leibush Malbim et du Rav Samson Raphæl Hirsch sont des exemples de tels débats.

D'autres contestent plus simplement l'archéologie, démontrant que, contrairement au mythe, la Torah semble rapporter scrupuleusement des coutumes correspondant aux époques qu'elle est supposée raconter, et que n'auraient pu connaître des rédacteurs ultérieurs, et que d'autre part, l'archéologie ne cesse de faire des trouvailles qui, pour n'en pas correspondre à la lettre à la Bible, démontent fréquemment des échafaudages théoriques de la critique biblique.

  1. Wylen, Stephen M. Settings of Silver : An Introduction to Judaism. Paulist Press, 2001. p. 16 [1]. Cependant, l'correction des concepts grecs et hébreux fait débat (voir Birnbaum, Encyclopedia of Jewish Concepts, Hebrew Publishing Company, 1964, page 630 ; Coggins, R. J. Introducing the Old Testament (Oxford : Oxford University Press, 1990), pg 3.
  2. Torah at the Jewish Virtual Library
  3. Encyclopedia of Jewish Concepts, p. 630.
  4. Coggins, p. 1.
  5. Encyclopedia of Jewish Concepts, p. 648
  6. T. B. Makkot 23b
  7. Eisenberg, Ronald L. The JPS Guide to Jewish Traditions (Philadelphia : Jewish Publication Society, 2004), p. 515.
  8. Encyclopedia of Jewish Concepts, page 630
  9. John Joseph Collins, "The Bible After Babel", (2005)
  10. Harris, Stephen L., Understanding the Bible. Palo Alto : Mayfield. 1985

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